Concile de Chalcédoine, Concile de
Le Quatrième Concile œcuménique, tenu à Chalcédoine Oct. 8 à 31, 451. On considère ici ses antécédents historiques, son histoire, ses décisions et ses canons dogmatiques, sa signification historique et doctrinale.
Antécédents historiques. Le Concile de Chalcédoine marque un épisode final dans les querelles de doctrine et de politique qui ont suivi le Concile d’Éphèse (431) et le Latrocinium, ou Conseil des Brigands d’Éphèse (449). Le Synode des Brigands a abouti au triomphe de dioscore d’Alexandrie et d’eutychès et à la défaite de ceux qui (par ex. flavien de constantinople et théodoret de cyr) ont été étiquetés Nestoriens parce qu’ils reconnaissaient deux natures dans le Christ.
Léon Ier fut informé des erreurs d’Eutychès par des lettres de Flavien, d’Eusèbe de Doryléon et de Théodoret de Cyr et par communication avec son diacre Hilaire. Léon proteste vivement auprès de l’empereur théodose ii et de sa sœur pulchérie, demandant (Oct. 13, 449) la convocation d’un conseil général en Italie. Aucune réponse n’a été apportée à ses lettres ou à celles que Leo a écrites le 24 décembre. L’intervention de l’empereur d’Occident valentinien iii (février 450) n’eut pas non plus d’effet. Théodose a respecté les décisions prises lors du Synode des Brigands et a écarté toute intervention du pontife romain dans les affaires orientales. Plus tard (16 juillet 450), par écrit à l’empereur au sujet de l’élection d’anatolius au siège de Constantinople, Léon maintient sa position d’arbitre de la foi: Anatolius doit faire une profession de la foi catholique comme cela avait été énoncé dans le Tome de Léon à Flavien.
La mort subite de Théodose (28 juillet 450) provoque un renversement de la situation. Pulcheria est arrivée au pouvoir et a immédiatement épousé le sénateur Marcien, qui est devenu empereur (août 2011). 24, 450). Le tout-puissant eunuque Chrysaphius, l’enfant-dieu d’Eutychès, fut mis à mort, et Eutychès fut exilé et interné. Écrivant au pape pour annoncer son accession au trône, Marcien suggéra de convoquer un concile, qu’il décida peu de temps après (22 septembre) de tenir en Orient. Mais Léon temporisa dans sa réponse d’avril 451, et dans une autre lettre (9 juin), il affirma que le péril de l’invasion par les Huns semblait rendre inopportune une convention des évêques. Leo préférait un conseil en Italie plutôt qu’en Orient, où il y aurait des intrigues et des influences politiques. Mais le 23 mai, Marcian convoque un conseil qui se réunira le 2 septembre. 1, 451, à Nicée en Bithynie.
Sur l’ordre du jour conciliaire était un problème doctrinal important. Il semblait maintenant nécessaire de compléter le travail du Concile d’Éphèse en réglant la question de la ou des deux natures du Christ; ce n’est qu’ainsi qu’une fin pourrait être faite à l’erreur d’Eutychès et de ceux qui restreignaient et déformaient la pensée de saint cyrille d’Alexandrie. Léon croyait que son Tome devrait suffire sans concile, ce qui risquerait de renouveler les désordres causés par le Synode des Voleurs. Marcien, en revanche, bien qu’adhérant fermement à la position orthodoxe, souhaitait un concile en Orient, où l’autorité impériale pourrait régler la question doctrinale. Au-delà du problème théologique, il y avait un problème d’une éventuelle querelle entre le pape et l’empereur.
Historique. En recevant la nouvelle de la convocation, Léon répondit qu’il ne s’opposerait pas à la décision de l’empereur et enverrait des légats présider à sa place. Il était nécessaire, cependant, de maintenir la foi telle que définie à Éphèse et telle qu’exposée dans son Tome à Flavien. Les évêques convoqués au concile se réunirent d’abord à Nicée, mais furent bientôt transférés à Chalcédoine afin que Marcien puisse plus facilement superviser les débats. Ils étaient en fait au nombre de 350 ou 360, bien que la tradition ultérieure mentionne 600 ou 630. Ces évêques venaient presque tous de l’Est. L’Occident était représenté par trois légats romains et deux évêques africains.
Le conseil a commencé le octobre. 8, 451, dans la basilique Sainte-euphémie en présence de 19 commissaires impériaux sous la présidence effective des légats romains (Bps. Paschasinus de Lilybée et Lucentius d’Ascoli, et Boniface le prêtre). Les quatre premières sessions (8-17 octobre) constituèrent un procès des instigateurs du Synode des Brigands d’Éphèse, et d’emblée Paschasinus exigea la condamnation de Dioscore, qui fut en fait déposé lors de la troisième session (13 octobre). Les deux lettres synodiques de saint Cyrille ont été solennellement approuvées mais aucune mention des 12 anathèmes n’a été faite. De même, le Tome de Leo a été accepté avec le cri: « Pierre a parlé à travers Leo. »
Bien que les évêques étaient réticents à ajouter quoi que ce soit à ce qui avait été énoncé lors des Conciles de Nicée I et d’Éphèse, Marcien voulait une définition doctrinale qui abolirait la controverse, d’autant plus lorsqu’il découvrit que certains hésitaient à parler de deux natures dans le Christ de la même manière que Léon.
Lors de la cinquième session (22 octobre), un texte a été présenté aux évêques ; il avait été édité par une commission sous la présidence de Bp. Anatolius de Constantinople et a été conservé dans les actes conciliaires. Il a été approuvé par les évêques mais opposé par Paschasinus, qui ne pensait pas qu’il rendait justice à la doctrine de Léon. Puisque cette affaire portait sur deux natures du Christ et touchait immédiatement à l’autorité du siège apostolique, Paschasinus menaça de partir si la pensée de Léon n’était pas prise en considération. Pour éviter une impasse, les commissaires impériaux proposèrent qu’une nouvelle commission de six évêques
produise une nouvelle version et donnèrent aux évêques le choix de se ranger du côté de Léon ou de Dioscore. La commission a développé une nouvelle formule de foi, conforme à la pensée de Léon en définissant explicitement les deux natures dans le Christ. Cette déclaration a été acceptée par les évêques et a été solennellement approuvée le 25 octobre en présence de Marcien et de Pulcheria. L’empereur confirma tout ce qui avait été fait par le conseil.
Au cours des dix (ou 11) sessions restantes (26-31 octobre), les cas de Théodoret de Cyr, Ibas d’Édesse et domnus d’antioche ont été examinés et un certain nombre de canons disciplinaires ont été promulgués. Après avoir envoyé une longue lettre au pape expliquant leurs actions et lui demandant la confirmation des décrets du concile, les évêques sont partis.
Dogme et canons. La formule de la foi est basée expressément sur les Écritures, les définitions de Nicée et Constantinople I, et sur les enseignements des Saints Pères, et prend note en particulier des lettres synodiques de St. Cyril et le Tome de Léo. Il s’oppose à ceux qui détruiraient le mystère de l’Incarnation en divisant le Christ et en refusant d’appeler Marie théotokos (les Nestoriens), à ceux qui prétendent que la nature divine est capable de souffrir, et à ceux qui confondent ou amalgament les deux natures et ne parlent que d’une nature après l’union (Eutychès). Le concile a défini un seul Christ, Dieu parfait et homme, consubstantiel avec le Père et consubstantiel avec l’homme, un seul être en deux natures, sans division ni séparation et sans confusion ni changement. L’union ne supprime pas la différence de nature; leurs propriétés, cependant, restent intactes, et elles sont réunies en une seule personne, ou hypostase.
Cette définition a été élaborée à partir de formules de Cyrille, Léon Ier, Jean d’Antioche, Flavien de Constantinople et Théodoret de Cyr dans un équilibre remarquable, et elle a mis fin aux incertitudes christologiques des 4e et 5e siècles. Il excluait la « nature unique du Verbe incarné », qui était une formule apollinaire selon laquelle St. Cyrille avait employé un sens qui pouvait être accepté, mais auquel Eutychès avait donné un sens clairement hétérodoxe. Il distinguait entre la nature et la personne. Il a déclaré qu’en Christ, il y avait deux natures distinctes dont les propriétés individuelles n’avaient pas été détruites dans l’union. Ils subsistaient dans l’unité d’une seule personne, ou hypostase. Cette précision du vocabulaire a donné au mot prosopon (personne) une signification beaucoup plus forte que dans la pensée de Théodore de Mopsuestie ou Nestorius. Elle complétait la théologie de Cyrille avec celle de Léon et proclamait définitivement la Personne unique du Christ, fils de Dieu et fils de Marie, vrai Dieu et vrai homme.
Le 25 octobre, le concile, en réponse à l’invitation de Marcien, promulgua 27 canons consacrés à la discipline ecclésiastique et à la direction et à la conduite morale du clergé et des moines. Il définissait les droits individuels des évêques et des métropolites: les prêtres devaient être sous l’autorité de l’évêque; les moines devaient résider dans leurs monastères et devaient être sous la juridiction de l’évêque; ils devaient tous deux observer le célibat sous peine d’excommunication. Tous ces règlements étaient justifiés par des événements antérieurs au conseil.
Le 29 octobre, cependant, un autre canon donna au siège de Constantinople des privilèges égaux à ceux de la Rome antique et accorda à son évêque la juridiction sur les Métropolites du Pont, d’Asie et de Thrace. Cette primauté en Orient était basée sur la position politique de la « nouvelle Rome », dans laquelle résidaient désormais l’empereur et le sénat. Le lendemain, les délégués romains protestèrent vigoureusement au nom du pape et attirèrent l’attention sur les canons de Nicée qui avaient déterminé l’ordre hiérarchique des sièges patriarcaux.
Léon reporte sa réponse à la lettre du conseil qui lui demandait de confirmer ses décrets. Des lettres de Marcien et d’Anatolius sont également restées sans réponse. Puis le 22 mai 452, le pape annula tout ce qui avait été fait au mépris des canons de Nicée. Ce n’est que le 21 mars 453 que Léon confirma les décrets du concile, et seulement en ce qui concerne les questions de foi. Cet incident fut un épisode important dans l’opposition qui allait s’intensifier entre Rome et Constantinople au cours des siècles suivants.
Signification. Le Concile de Chalcédoine a représenté un point culminant dans l’histoire du dogme de l’Incarnation. Au-delà des diverses tendances théologiques qui se sont affrontées, il a énoncé la doctrine catholique qui a conservé indissolublement les deux facettes du mystère: l’unité de la personne dans le Verbe incarné et la parfaite intégrité de Ses deux natures. La théologie de Saint Cyrille et celle de Léon, en tant qu’héritier de St. Augustin et Tertullien, sont fusionnés dans ces formules; et ils rendent justice aussi à ce qui avait de la valeur dans la théologie d’Antiochène. Néanmoins, les partisans cyrillans restaient absolument opposés à deux natures, dans lesquelles ils étaient déterminés à voir une forme de nestorianisme. le monophysisme, bien que souvent seulement verbal, était sur le point de naître et de provoquer de nombreuses querelles et schismes, qui restent encore non résolus.
D’un autre point de vue, le Concile de Chalcédoine marque une étape importante dans le développement de la primauté romaine. L’autorité de Célestin s’était affermie à Éphèse ; celle de Léon s’imposait avec encore plus de vigueur à Chalcédoine. La doctrine de la primauté du Siège apostolique, par opposition à une « Église de l’Empire » tenue par les empereurs de Constantinople, a été renforcée. Bien que cette primauté fût unanimement reconnue à Chalcédoine, elle risquait tout de même d’être remise en cause, et l’unité de l’Église était compromise par le principe politique dangereux invoqué pour justifier la primauté de Constantinople en Orient. Sur ce problème, d’autres disputes et schismes étaient à venir; tout n’a pas été réglé en 451.
Les actes de Chalcédoine sont conservés dans plusieurs collections anciennes. En grec, il existe trois compilations de lettres et un compte rendu des procès-verbaux dans lesquels l’ordre des deuxième et troisième sessions est inversé. En latin, les documents sont contenus dans la Collectio Novariensis de re Eutychis (avant 458) et Coll. Vaticana (vers 520). Il existe trois recensions de traductions des actes du grec (6ème siècle) et plusieurs recueils des lettres de Léon. Tous ces documents sont publiés (Sacrorum Conciliorum nova et amplissima collectio, 6). Il existe une édition plus récente de E. Schwartz (les Journaux des conciles œcuméniques précédents 2.2-5).
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