Syndrome du poulain factice
Dans la plupart des cas, les juments accouchent rapidement et sans complications. Le poulain se lève et allaite dans une heure ou deux, et quelques jours plus tard suit la jument autour du pâturage et dort au soleil. Parfois, cependant, des complications juste avant, pendant ou après la naissance peuvent entraîner une diminution de l’apport d’oxygène au cerveau du poulain. Divers termes tels que l’encéphalopathie ischémique hypoxique ou le syndrome d’inadaptation néonatale ont été utilisés pour décrire les manifestations de la privation d’oxygène. Autour de la grange, les gestionnaires désignent ces poulains comme des vagabonds, des dormeurs, des aboyeurs ou des poulains factices.
Tout ce qui réduit la quantité d’oxygène atteignant le cerveau peut rapidement affecter le fonctionnement des cellules cérébrales. Le problème peut être un flux sanguin appauvri, ou un flux sanguin normal avec de l’oxygène appauvri, ou une combinaison de ces facteurs. L’une des raisons de l’interruption de l’apport d’oxygène avant la naissance pourrait être la séparation prématurée du placenta de l’utérus. L’infection utérine, la grossesse gémellaire et la toxicose de la fétuque sont d’autres facteurs de risque. Si la naissance est difficile et que l’accouchement est retardé, la compression du cordon ombilical peut réduire l’apport sanguin du poulain. Lorsque le cordon ombilical est rompu peu après l’accouchement, le cœur et les poumons du poulain doivent assumer les fonctions circulatoires qui étaient auparavant assurées par la jument. Tout retard dans ce processus peut entraîner une baisse de la quantité d’oxygène délivrée au cerveau du poulain.
Les différents noms de cette affection sont descriptifs du comportement d’un poulain affecté. Certains poulains ne semblent pas reconnaître la jument et sont incapables de la nourrir. Ils peuvent errer autour de l’étal, se coincer dans un coin et être incapables de trouver leur chemin. D’autres se glissent dans de fréquentes périodes de sommeil profond, ont des convulsions ou font d’étranges vocalisations « aboyantes ». Ces signes peuvent être présents peu de temps après la naissance, mais il est également courant qu’un poulain nouveau-né semble tout à fait normal et commence ensuite à présenter des signes en un jour ou deux. Un comportement anormal qui commence aussi longtemps qu’une semaine après la naissance peut être dû à un déficit en oxygène au moment du poulinage.
Dans un poulinage difficile, une intervention immédiate peut rendre le problème moins grave. Les responsables des poulains qui assistent à la naissance peuvent surveiller les conditions qui peuvent entraîner une privation d’oxygène. L’un des plus courants est un accouchement en « sac rouge » dans lequel le placenta, une membrane veloutée rouge, est la première chose à dépasser de la vulve de la jument. Dans la plupart des accouchements, le placenta se rompt mais reste à l’intérieur de la jument jusqu’à l’accouchement du poulain. L’apparition du placenta est un avertissement que la naissance ne se déroule pas de manière normale et que le poulain est en danger d’étouffement. Le placenta doit être déchiré ou soigneusement coupé pour que le nez du poulain puisse être découvert et débarrassé du liquide. La fine membrane blanchâtre qui entoure normalement le poulain se rompt généralement au fur et à mesure de la naissance, mais peut également devoir être arrachée du museau. Même sans autres complications à la naissance, le poulain peut ne pas commencer immédiatement à respirer par lui-même. Les préposés au poulain peuvent dégager les narines par aspiration ou en caressant l’extérieur du visage du poulain. Frotter le poulain avec des serviettes sèches peut aider à déclencher la respiration, mais un frottement vigoureux peut causer d’autres blessures si le poulain a des côtes cassées à la suite d’un accouchement difficile. La réanimation bouche-narine peut être effectuée (sur une surface ferme, étendre le cou du poulain, couvrir une narine et respirer dans l’autre narine toutes les deux à trois secondes, en introduisant suffisamment d’air pour voir la poitrine se dilater) jusqu’à ce que le poulain puisse respirer seul et qu’un rythme cardiaque régulier soit confirmé.
Les soins visent plusieurs objectifs. L’un des plus importants est de s’assurer que le poulain est correctement nourri, en commençant par un apport suffisant de colostrum dans les premières heures après la naissance. Si le poulain ne peut pas allaiter, le colostrum peut être administré par sonde nasogastrique. Après ses 6 à 12 premières heures, le poulain ne peut plus absorber les anticorps contenus dans le colostrum, c’est donc une préoccupation immédiate pour les poulains qui ont du mal à allaiter. Après cette période, les poulains devront peut-être se faire livrer du lait de jument ou un substitut de lait en petites quantités toutes les quelques heures jusqu’à ce qu’ils puissent allaiter. L’alimentation intraveineuse est indiquée dans certains cas.
Un deuxième objectif est la récupération des cellules nerveuses endommagées. Le traitement vétérinaire peut impliquer des médicaments pour contrôler les crises, des antioxydants tels que la vitamine E pour aider la fonction nerveuse et des médicaments pour limiter le gonflement du tissu cérébral. L’administration d’oxygène peut être nécessaire, soit à la ferme, soit dans une clinique vétérinaire. Un ajout récent à la liste des traitements disponibles est la thérapie hyperbare, dans laquelle le poulain est placé dans une chambre sous pression où l’oxygène est forcé dans les tissus. Une troisième priorité est d’empêcher les poulains de développer d’autres problèmes de santé. Les escarres, les infections et la perte de chaleur corporelle doivent être évitées pendant que les poulains se renforcent et récupèrent leur fonction neurologique.
Dans de nombreux cas de privation d’oxygène, les poulains atteints se rétablissent complètement dans les premiers jours ou semaines suivant la naissance. Le pronostic dépend de la gravité de la maladie et de la rapidité avec laquelle le traitement est commencé. Le meilleur résultat dépend d’une attention particulière à l’état du poulain nouveau-né et d’une attention vétérinaire immédiate si des signes anormaux sont constatés.