Voltaire

Patrimoine et jeunesse

Voltaire était issu de la classe moyenne. Selon son acte de naissance, il est né le 21 novembre 1694, mais l’hypothèse que sa naissance ait été tenue secrète ne peut être écartée, car il a déclaré à plusieurs reprises qu’elle avait en fait eu lieu le 20 février. Il croyait qu’il était le fils d’un officier nommé Rochebrune, qui était également auteur-compositeur. Il n’aimait ni son père putatif, François Arouet, ancien notaire qui devint plus tard séquestre à la Cour des Comptes, ni son frère aîné Armand. On ne sait presque rien de sa mère, dont il n’a presque rien dit. L’ayant perdue à l’âge de sept ans, il semble être devenu un rebelle précoce contre l’autorité familiale. Il s’attacha à son parrain, l’abbé de Châteauneuf, libre-penseur et épicurien qui présenta le garçon à la célèbre courtisane Ninon de Lenclos alors qu’elle avait 84 ans. Il doit sans doute son regard positif et son sens de la réalité à ses origines bourgeoises.

Il fréquente le collège jésuite de Louis-le-Grand à Paris, où il apprend à aimer la littérature, le théâtre et la vie sociale. S’il appréciait le goût classique que le collège lui inculquait, l’instruction religieuse des pères ne servait qu’à susciter son scepticisme et sa moquerie. Témoin des dernières années tristes de Louis XIV, il n’oubliera jamais la détresse et les désastres militaires de 1709 ni les horreurs des persécutions religieuses. Il gardait cependant une certaine admiration pour le souverain, et il restait convaincu que les rois éclairés sont les agents indispensables du progrès.

Il a décidé de ne pas étudier le droit après avoir quitté l’université. Employé comme secrétaire à l’ambassade de France à La Haye, il s’entiche de la fille d’un aventurier. Craignant le scandale, l’ambassadeur de France le renvoya à Paris. Malgré la volonté de son père, il veut se consacrer entièrement à la littérature, et il fréquente le Temple, alors centre de la société de la libre pensée. Après la mort de Louis XIV, sous la Régence moralement détendue, Voltaire devint l’esprit de la société parisienne et ses épigrammes furent largement citées. Mais lorsqu’il osa se moquer du régent dissolu, le duc d’Orléans, il fut banni de Paris puis emprisonné à la Bastille pendant près d’un an (1717). Derrière sa façade joyeuse, il était fondamentalement sérieux et s’est mis à apprendre les formes littéraires acceptées. En 1718, après le succès d’Œdipe, la première de ses tragédies, il est acclamé comme le successeur du grand dramaturge classique Jean Racine et adopte ensuite le nom de Voltaire. L’origine de ce nom de plume reste douteuse. Il n’est pas certain qu’il s’agisse de l’anagramme d’Arouet le jeune. Il voulait surtout être le Virgile que la France n’avait jamais connu. Il a travaillé à un poème épique dont le héros était Henri IV, le roi aimé du peuple français pour avoir mis fin aux guerres de religion. Cette Henriade est gâtée par son imitation pédante de l’Énéide de Virgile, mais ses contemporains ne voyaient que l’idéal généreux de tolérance qui inspirait le poème. Ces triomphes littéraires lui valurent une pension du régent et l’approbation chaleureuse de la jeune reine, Marie. Il commence ainsi sa carrière de poète de cour.

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Uni à d’autres penseurs de son temps – hommes de lettres et scientifiques – dans la croyance en l’efficacité de la raison, Voltaire était un philosophe, comme l’appelait le XVIIIe siècle. Dans les salons, il professait un déisme agressif, qui scandalisait les pieux. Il s’intéresse à l’Angleterre, pays qui tolère la liberté de pensée ; il rend visite au chef conservateur, le vicomte Bolingbroke, exilé en France — un homme politique, un orateur et un philosophe que Voltaire admire au point de le comparer à Cicéron. Sur les conseils de Bolingbroke, il apprend l’anglais afin de lire les œuvres philosophiques de John Locke. Son développement intellectuel fut favorisé par un accident : à la suite d’une querelle avec un membre de l’une des principales familles françaises, le chevalier de Rohan, qui s’était moqué de son nom d’adoption, il fut battu, emmené à la Bastille, puis conduit à Calais le 5 mai 1726, d’où il partit pour Londres. Son destin était maintenant l’exil et l’opposition.